À l'intérieur d'une sphère

Rennes, 19 mai 1994
à mon ami Loisif,
Pierre Louise.

À l’intérieur d’une sphère
À l’intérieur d’une sphère
D’une bulle sans nom qui s’en va éclater sans honte
dans le haut d’un œuf oblong
Qui flotte sans raison à l’intérieur d’une vasque
Œuf, ballotté par les remous d’un liquide amniotique
qui tremble au vent des mondes
Et des planètes qui tournent autour
au sein d’une vaste boule qui révolutionne
l’histoire et circonscrit l’À-venir et tourbillonne
aux entours d’un espace qui éclate
Un homme se tient

Un homme se tient les mains plaquées
Au rien qui l’entoure et tourne en rond tout autour
et ce vide qui l’enserre, Quel est-il
qui l’empêche d’aller, d’aller par ces rondeurs
À l’encontre, à l’encontre de tout continué
qui l’enserre, Et de ces heures
qu’il voit rouler et lentement tourner aux abords de lui
Quelles sont-elles ? Il se tient et regarde.

Il regarde un homme qui se tient les pieds ferrés
dans une bulle de gaz qui tournoie, l’homme qui souhaiterait
Peut-être, certainement, s’il le pouvait
venir à sa rencontre et marcher, marcher sur
ces effervescences qu’ils ne comprennent pas.

Alors la main amicale dans la main amicale
Ce serait le percement de ces outres
et le vin enfin là. Ce serait l’éclatement
de ces éclats du rien général qui sont à devenir
Fragments
Débris de fragments même
Puis éclats de débris, des morceaux d’éclats
de brisures en fêlures puis
En cassures enfin,
en cassures
du tout
pour que la violence du choc
Et les fumées du sens
afin que l’insoutenable éther
Et la liberté de la vie
S’envolent à leur heure dans un autre air libre
et la poésie pourrait vivre.

Alors l’homme qui se tient les mains plaquées
et l’homme qui se tient les pieds ferrés
Se débattent encore pour que l’attente succombe
En ce tourbillon bouillonnant de frontières
leurs allées et venues dans ce vide écrivent
la mélopée prisonnière mais des pieds et des mains, s’aiment
ainsi plus encore que vifs
Pour que demain le jour glorieux.