Nouvelles

Un certain nombre de tracasseries mais aussi de satisfactions en République populaire de Salombie

Mesdames et messieurs, J’ai une seule fois séjourné en Salombie, à l’époque – courte, heureusement – où celle-ci s’était érigée en République populaire sous l’impulsion du camarade Garcia-Só. J’y allais pour une lecture littéraire internationale avec dans ma valise des feuillets de Kavvadias, de Ferlinghetti et de Carpentier. De Cuba, je pris l’avion vers Bahia. J’arrivai à Novas Portas par un train de nuit. Disons que sur mille tracasseries que j’aillais connaître durant mon séjour, ce simple voyage de nuit ferroviaire en avait consommé déjà deux cents – contrôles tatillons et répétés, toilettes défaillantes, voisins fort désagréablement ignorants et cahots bruyants : je n’en dirai pas plus. Read more...

L'épuisement

En juin 2021, Boonie Larose contemplait les cèdres immémoriaux de Vancouver. L’écran de son ordinateur se rafraîchit soudain, laissant de nouveau lire la page Wikipédia où s’écrivait sa biographie, la liste de ses livres à succès et la vie trépidante du héros de ceux-ci, Chas Cooper. Chas Cooper, l’Arsène Lupin du Pacifique, s’évadait toujours de quelque part à chaque épisode. Ce simple ressort d’intrigue, Bonnie Larose l’avait sorti des feuilletons français du début du vingtième siècle sans imaginer que, cent quarante livres plus tard, les lecteurs et les lectrices en redemanderaient encore. Read more...

Le caisson clos

Dans l’après-midi du 3 juin 1941, sur Meadow Beach, Arthur Landon voit venir à lui un officier de l’armée japonaise qui, en français, lui dit : – Mes hommes vont faire un exercice de débarquement, ici. Et, désignant l’intérieur immédiat du rivage : – Et un peu plus loin aussi. Autour de votre maison. Y voyez-vous un inconvénient ? Arthur Landon est un homme désœuvré depuis l’invasion de l’archipel. – Non, allez-y. Read more...

La vitrine éclatée ou comment monsieur Bazeilles fit son entrée dans la littérature

Je suis certain de la chute de toutes les fictions dans lesquelles nous avons vécu jusqu’à ce jour. Cioran (Afrique coloniale française, 1957.) Marcel Proust et Hugo, en leur Pléiade, bouchaient la fenêtre des WC derrière le comptoir. Des piles de livres de poche protégeaient un peu la partie neuve de la Librairie Parisienne qui avait résisté à l’obus de mortier, hier en fin d’après-midi. Une bonne partie de la nuit, la pluie avait passé par le trou et battu le parquet. Read more...

Tuer le père

Célébrer le scooter, chanter du rock’n’roll. Se mettre propre, sur soi, se saper sharp. Choisir une guitare brillante, une caisse flashy et un micro inox. Pour les paroles, trouver les mots qui riment avec Elvis. Puis tous les synonymes de pénis. Jouer du calembour et, « Presse-les ! » dans le pantalon, enjoindre les garçons à bousculer les filles qui n’attendent, parait-il, que ça. Rêver plus que vivre, marcher toujours comme à Memphis, droit et roulé. Read more...