Prologue

Jeune lecteur !

Tous les jours n’est-ce pas tu regardes les nuages ? Tu t’émerveilles de leurs aspects, de leur infini défilé ? Comme tu as raison ! Mais la vie contraint souvent à ne pas regarder ce que l’on aime et à poser les yeux sur ce qui fascine mais n’émerveille pas. De la fenêtre d’une voiture par exemple, sur les à-côtés, sur les terre-pleins, les embranchements et les rond-points que nous voyons chaque jour, leurs coquelicots rouge et là, soudain, un busard. Des bouleaux, des taïgas, des folles avoines et des genêts. Et leurs ombres aussi, que tu devines. Bref, sache que, s’il existe toute une science pour nommer les nuages selon leur forme, leur altitude et leur devenir, la science des terre-pleins n’existe pas encore, comme s’ils ne faisaient pas partie de la vie, effacés tout simplement.

Alors j’ai écrit une histoire qui marche à pied, allons voir.

Pour la suivre, le mieux est que toi-même tu te mettes en route : enfile tes mocassins, mets-toi torse nu et rejoins la file ! Exactement comme quand tu imagines et que tu joues. Suis les Indiens sur les sentiers, il y en a partout autour de la ville, ils sauront te guider. Vas vers les campements, les caravanes, les tentes et les taillis, écoute : au feu à la nuit tombée, il se dit des aventures tirées d’un nouveau far west.

Pars cette semaine par exemple, tu as le temps. Jan Yoors, un gamin de ton âge a déjà fait cela. Fais comme lui, pars et reviens selon tes souhaits. Essaye, prends l’habitude, cherche ! Sois patient les premiers soirs, ne brusque surtout pas : que tes retours à la maison se fassent en silence pour ne pas réveiller ceux qui dorment. – Tes vieux !

Et s’il te plaît plus tard, fais ton profit de cette histoire. Lorsque tu voudras à ton tour embrasser la vie, plier le monde, circonscrire les causes et faire usage de ta puissance ou simplement construire ta propre route : alors repense à ces terres-pleins et aux compagnons qui y vivent.

Je te laisse de poursuivre la fable.


Suivant

Maghlout